BUEE
Lessiver, dissiper, faire apparaître autant que disparaitre.. autant de tâches, autant de taches : la buée.
Depuis les temps anciens la Buée est lessive, mais aussi vapeur d’eau que l’on efface pour mieux voir et qui fait apparaitre traces, graffitis et entrelacs sur les vitres ou dans les miroirs.

Entre toutes ces eaux, ces condensations et ces brumes, qu’est ce alors qu’un lavoir perdu ? Cette exploration entamée au long cours, me ferait volontiers répondre que tout lavoir aujourd’hui, même le plus visible et le mieux préservé, est désormais forcément un peu perdu.
Perdu
Définition :
- Qu’on ne possède plus, dont on n’a plus la jouissance.
- Égaré, disparu.
- Qui est devenu invisible.
- Qui appartient au passé.
Je pense à ce lavoir sur la route de Kerdruellan, à Belz, dans le Morbihan, près du pont Lorois.



Un peu comme le calvaire en bord de route sans autre histoire que celle qu’il porte en croix de chemin, il n’est pas vraiment sur la carte qui signale seulement la fontaine. Aucun panneau n’invite à le connaitre ni ne lui donne un nom sur la route des Quatre chemins. On peut même, tout à ses pensées passer devant lui sans le voir. Et pourtant … Il déploie ses places de laveuses comme des pages ouvertes à lire ou encore à écrire.




Je m’assois sur la pierre et contemple les lentilles d’eau compagnes des lavoirs, et de mémoire je remonte le fil qui m’a amenée dans le Morbihan, bord de rivière, petite mer.


LE FIL D’ARIANE
Un fil pour traverser la buée…
Au commencement, comme toujours dans le principe de l’eau tissée des lavoirs, se trouvent entremêlés des hasards et des correspondances. Au cours de l’écriture du chant XIV, j’essayais de déchiffrer les noms bretons qui disent le lavoir, le rouissoir ou encore la fontaine-lavoir. Je venais de revoir Un secret bien gardé , un film de Patrick Prado qui m’avait aidée dans la traduction d’une forme de cantique breton sur les usages de l’eau sur les bords de l’Aber Wrac’h, à la chapelle Notre Dame du Val de Plouguerneau (Rhapsode # 9). Un secret bien gardé m’avait alors embarquée depuis le Finistère vers une autre région de Bretagne, sur le territoire de Quistinic, du côté de Nevedic (Hevedic) en Morbihan, tout proche du village de Poul Fetan au nom tout destiné pour cette eau-dyssée puisqu’il signifie le lavoir de la fontaine.

Le hasard a fait que j’ai découvert exactement à ce moment que l’artiste Michel Le Sage dont je connaissais le nom pour ses illustrations d’ouvrages de poètes amis vivait précisément à Quistinic, tout proche d’une fontaine et d’un lavoir.
Fontaine Saint Mathurin et lavoir enfoui sous les herbes – Quistinic-


La prochaine étape de l’eau-dyssée s’était clairement dessinée et une belle correspondance débuta avec Michel Le Sage qui eut la grande gentillesse de m’envoyer une documentation très riche sur de nombreux lavoirs. En navette pour aller à sa rencontre je séjournais à Saint Cado en bordure de la Ria d’Etel, dans un endroit peuplé de fontaines et de lavoirs
LE LAVOIR PERDU
L’exploration commença en photos, en livres, puis en bottes, parmi les bois, sur les chemins. J’ai suivi avec joie les itinéraires de Michel le Sage qui bien avant les débuts de mon eau-dyssée s’était trouvé sur la route des lavoirs. Découvertes toutes plus riches les unes que les autres et autant de récits possibles. Lavoir de Crann, de Quistinic, de Poul Fetan, de Kerdornic.. Mais comme dans un labyrinthe lorsque l’on parvient dans la salle aux multiples galeries, se posait la question du choix.
Quelle voie choisir ? Quelle histoire raconter, quel fil tirer, quelle eau tisser ?
Un petit fascicule envoyé par Michel Le Sage attira mon attention : celui des légendes et farces de Quistinic publié par l’école Sainte Thérèse. On y découvre une légende qui se déroule dans les années trente dans le village de Rosnen sur la commune de Quistinic :

En face de cette légende, une photographie de lavoir et les mots de Michel Le Sage qui m’indiquaient que la photographie n’était pas celle du lavoir de Rosnen

« Je n’ai pas encore trouvé »
Alors l’aventure pouvait commencer…
Sur la carte ? Pas d’indication.
Aux premières questions posées par Michel le Sage : aucune réponse
Puis un jour, quelqu’un se souvint… Oui il y avait bien un lavoir, il était là au creux du vallon dans les bois :

A suivre…
A reblogué ceci sur L'eau tissée des lavoirs.
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