Vous prendrez bien une mousse de laine sur votre café Text Styles ?
Chemin de dames Ligne de laine, ©Christine Vandrisse
Menu des Cafés Text’Styles : se donner rendez-vous autour d’un verre pour échanger des lectures et des histoires de tissus. Tisser des liens.
Entre fixité et mouvement : créer des navettes vers M sur m ou depuis M sur m, poursuivre la cartogra-fil
M sur m, le 20 avril 2018
Lieu : Montreuil sur mer, Maison du tourisme et du patrimoine – Hotel Monroy, 11-13 rue Pierre Ledent
Cartogra-fil : Montreuil, Attin, Marles sur Canche, Verton, Le Touquet, Le Parcq, Boulogne, Lys lez Lannoy, Paris.
Chaque rendez-vous comporte ses surprises, ses beaux inattendus qui en font toute la poésie et dans cette rhapsodie, souvent les fils s’accordent et se redessinent. Ce café text’styles du 20 avril fut encore très riche. Le nombre de participants et la diversité des sujets a conduit à modifier le programme, et j’ai remis avec grand plaisir à plus tard le sujet concernant le linge et Sainte Austreberthe, patronne des lavandières.
Christine Vandrisse, artiste plasticienne, qui fait partie des premières précieuses rencontres de la démarches Text’styles m’a fait l’amitié de proposer sa venue et je la remercie ici de nouveau vivement. Elle a eu l’idée, en prémices du café Text styles #2, de faire voyager son chemin de dame, sa ligne de laine bleue et de l’installer sur les remparts de M sur m.
Cette ligne tricotée de 17 mètres a été réalisée dans le cadre de son projet/ installation XVII, un travail d’artiste et de mémoire sur les Gueules cassées, labellisé Centenaire du Chemin des Dames et programmé en septembre 2017 dans l’église Saint-Médard de Saint-Mard, dans l’Aisne. A cette occasion la ligne de laine fut déroulée pour la première fois sur le Chemin des dames.
En lui donnant le nom de « chemin de dame », Christine Vandrisse a souhaité aussi représenter les mailles de son propre chemin de vie, avec ces différents passages parfois larges parfois étroits, certains sans accrocs d’autres moins réguliers, d’autres encore tout effilochés….
Et en revenant à Montreuil sur mer, un lieu dans lequel s’inscrivent pour elle de nombreux souvenirs très chers, c’était aussi symboliquement retrouver un chemin, reprendre le chemin..
J’y voyais, de mon côté aussi la symbolique de nos chemins qui se croisent sans cesse depuis 2015 et particulièrement avec le lancement de l’aventure du label Text Styles.
Au cours de ce déroulé de la ligne de laine, ce fut l’occasion pour Christine de nous lire « son inventaire de chiffres » :
Ce moment fut joyeux, simple, poétique et émouvant.
©Ib
©Ib
©Ib
©Jean Marc Vandrisse
©Jean Marc Vandrisse
©Jean Marc Vandrisse
©Jean Marc Vandrisse
OUVERTURE DU CAFE TEXT STYLES :
Lecture pour suivre le fil bleu : de la ligne de laine au bleu Guimet des blanchisseuses que l’on appelait aussi les azureuses.
En ce jardin la voix des eaux ne tarit pas,
est-ce une blanchisseuse ou les nymphes d’en bas,
ma voix n’arrive pas à se mêler à celles
qui me frôlent, me fuient et passent infidèles,
il ne me reste que ces roses s’effeuillant
dans l’herbe où toute voix se tait avec le temps.
Extrait de Ninfa, Philippe Jaccottet
DU BLEU
Le hasard des choix de chacun nous a conduit à filer le bleu au cours de la soirée..
Les manteaux du livre et du carnet d’artiste de Christine Vandrisse et le magnifique album XVII, mémoire de l’installation à Saint Mard
Du coton dans les oreilles, Guillaume Apollinaire, Christine Vandrisse
Ciel d’Estran par Christine Vandrisse
Le carnet de Michèle Olyve avait aussi ses pages bleues
Marie Devynck a choisi les couleurs des tissus de Matisse, parmi lesquelles du bleu et du bleu vert// Clin d’oeil, sans le savoir, à Christine Vandrisse dont les ancêtres tisserands sont originaires de la même région que Matisse.
Sophie Rousseau voulait voir la mer…Je fus heureuse de la rencontrer pour la première fois enfin !!
Elle proposa des lectures de livres bleus :
Le moindre geste, Michel Bourçon / carré n°89 / décembre 2015 /
prendre le chemin
pour se taire
faire en dedans
une rencontre
d’herbes et de pierres…
Et le bleu poétique de la revue Poeticon
Textures bleues de Sophie Rousseau pour un texte de Jean Pierre Nicol :
Colette Martel nous plongea dans la toile de Jean
« Le tissu appelé jean est utilisé dès le xvie siècle, par la marine génoise pour équiper ses navires de voiles ainsi que pour vêtir ses marins. La ville de Gênes est en effet réputée pour cette toile de coton et de lin, très similaire au velours côtelé. La République marchande de Gênes exporte ce tissu dans toute l’Europe, notamment en Angleterre (où il est utilisé dans les pantalons de marins mais aussi les voiles des navires ou les toiles de tentes) à Nîmes où les tisserands (telle la famille André) tentent de reproduire ce tissu, sans succès. À force d’expérimentation, ils développent au xviie siècle un autre tissu, une toile de laine et de soie en armure de serge qui devient connue sous le nom de denim (de Nîmes). Cette toile, réputée pour sa résistance (elle est utilisée comme vêtement de travail des bergers et paysans cévenols), est par la suite exportée à Gênes et teintée en bleu indigo. »
« Avant d’être à la mode, le jean était un vêtement de travail pour les mineurs, les marins et les cow-boys. Remontons encore plus loin dans le temps pour connaître l’histoire du sergé de Nîmes qu’on appelle aujourd’hui le denim ou le bleu de Gênes et que les Américains ont baptisé le blue »
TOUT EN DENTELLE
Rosine Petit apporta un morceau de dentelle de Caudry et nous emmena de nouveau en navette dans le Cateau-Cambrésis, région de Matisse..Un échantillon très particulier, celui de la dentelle de la robe de mariage de Kate Middleton …
Ah toucher la dentelle…
DES CARNETS
Christine Vandrisse ouvrit pour nous son carnet de Ciel d’Estran inspiré de ses carnets vagabonds, en écriture paysage/boustrophédon, tout en poésie de l’aller-retour :
Michèle Olyve rapporta son précieux carnet commencé au café text styles numéro 1
Avec des extraits glanés dans le livre de Françoise Petrovitch, J’ai travaillé mon comptant : cent témoignages de personnes âgées sur leur travail
CAFE CORSET
Carmen et Daniel Vandenbroucke ont réalisé pour nous un beau duo textes et tissus sur le thème du corset. Carmen a apporté un ancien corset et Daniel nous a lu un passage du Corset des âmes de June Mutti :
LA FETE A LA GRENOUILLE
Dominique Toursel nous conta une histoire de grenouille, celle rencontrée un jour dans son jardin :
Après l’avoir aidée à rejoindre son marais, elle voulu mettre cette histoire en mots, mais cherchant le chemin de l’écriture et de l’inspiration du côté des contes, de La Fontaine ou d’Esope, elle trouva plutôt celui du tissu, et réalisa ce remarquable patchwork portant désormais le souvenir de sa rencontre inattendue.
CHANTS DE TISSUS
Sylvie Masson lança l’idée du café text’Styles en chansons..Plongeant dans ses souvenirs associés à des musiques qui l’ont marquée, elle nous proposa un florilège chanté, accompagné à la guitare par Olivier Segard, de l’enfance avec Le pont du nord à Marcia Baila des Rita Mitsuko en passant par C’est Extra de Léo Ferré.. des histoires de robe blanche et de ceinture dorée, de robe en cuir comme un fuseau, de bas qui tiennent haut perchés, de cape de zibeline, de satin, ou de rayonne…
Voilà notre rhapsodie du 20 avril, cette reprise est bien imparfaite et ne peut prétendre tout restituer, elle n’a pour d’autres buts que de laisser une trace et , telle une boite à boutons, offrir de quoi piocher quelques trésors et poursuivre les navettes et les explorations.

