À sa naissance, alors que son père est en France pour négocier draps et étoffes dans les foires de Provence et de Champagne, sa mère le fait baptiser sous le nom de Giovanni (Jean en l’honneur de l’apôtre éponyme). De retour de son voyage en France où il a fait de très bonnes affaires et en hommage à ce pays, son père, lui donne le nom de Francesco(François = français), qu’il gardera et par lequel il sera mondialement connu.
Les épisodes de don de manteau égrènent la vie de Saint François :
« Encore jeune homme, François étonnait par le charme de sa personne. Sa courtoisie, sa libéralité et son entrain lui attiraient toutes les sympathies. Sa nature privilégiée laissait prévoir un destin hors du commun. Un homme d’Assise, un simple d’esprit, dit-on, mais éclairé par Dieu, ne manquait pas, quand il rencontrait François en ville, d’ôter son manteau et de l’étendre sous les pieds du jeune homme, affirmant qu’il serait un jour digne du plus grand respect, qu’il accomplirait bientôt de grandes choses et mériterait ainsi la vénération de tous »
« Le bienheureux saint François rencontra un noble devenu pauvre et mal vêtu, et, s’étant ému de son indigence, il fut pris d’une affectueuse pitié, se dévêtit, et lui fit don de son manteau »
« Après avoir pris au magasin quelques pièces de tissu, François avait été vendre sa marchandise et même son cheval afin d’offrir à ce prêtre l’argent ainsi ramassé, et, il faut bien le reconnaître, mal acquis, puisqu’en réalité François avait volé son père! Soit. François s’en va donc trouver le prêtre et, après lui avoir présenté ses respects, lui offre son argent pour la réparation de l’église et les besoins des pauvres et sollicite humblement la permission de séjourner quelque temps auprès de lui. » (Legenda Major- Bonaventure- 2,1).
«L’évêque se leva, attira le jeune homme dans ses bras, le couvrit de son manteau et fit apporter de quoi l’habiller. On lui donna le pauvre manteau de bure d’un fermier au service de l’évêque; François le reçut avec reconnaissance» (LM 2,4).
On ne connait pas exactement le nombre d’église réparées par Saint François entre le moment où il rompit avec son père et jour véritable de la révélation qui dessinera définitivement son chemin, mais parmi celles ci, une chapelle avait son affection parce qu’elle était isolée en plein bois dans les environs d’Assise : La chapelle de la Portioncule (aujourd’hui insérée dans la Basilique Saint Marie des Anges à Assise).
Portioncule = petite partie de la terre
C’est là où, en y écoutant une lecture de l’Evangile le 12 octobre 1208 ou le 24 février 1209 qu’il comprit ce qu’il ferait de sa vie :
La vie de saint François d’Assise, par l’abbé Omer Englebert.
« Ainsi, revenant un jour de Sienne, il rencontra un pauvre; lui-même, à cause de sa maladie, portait en plus de l’habit un petit manteau. Il vit la misère du pauvre et n’y put tenir: «Il faut, dit-il à son compagnon, que nous rendions à ce pauvre son manteau, car il lui appartient. On nous l’a prêté jusqu’à rencontre d’un plus pauvre que nous (…) Tout y passait: manteaux, tuniques, livres, nappes d’autel ou tapis, tant qu’il y avait une aumône à faire aux pauvres, afin de remplir le devoir de la charité. « (LM 8,5).
Marie-Pierre Guillon et Esther Marty-Kouyaté ont réalisé une exposition à l’église Saint-Merry à Paris en juin 2012, intitulée « 9 manteaux mystiques ».
A l’origine du projet, un voyage à Florence.
« Sur un des murs de l’église Ognissanti, à Florence, Marie-Pierre Guillon découvre sous une vitre un manteau à l’aspect à la fois grossier et rustique : « manteau de saint François d’Assise », touchant avec sa petite capuche et ses nombreux rapiècements. Qu’a-t-il à dévoiler de la vie du saint ? L’idée germe de réaliser un manteau symbolique sur saint François.
Elle fait part de son projet à son amie Esther Marty-Kouyaté qui mettait alors en scène un mystère moderne autour de la vie de saint François. De fil en aiguille, elles élaborent un projet artistique, s’inspirant de la vie de grands mystiques. »
Création manteaux mystiques ©Marie-Pierre Guillon et Esther Marty-Kouyaté
« Le vêtement est universel, il protège le corps de l’extérieur ou du regard. C’est la peau publique de l’homme. En art, il exprime le statut social du personnage sculpté ou peint. Il participe de l’environnement de l’œuvre.
Au-delà de leur usage, tissus et vêtements ont aussi acquis leur autonomie dans la création, comme les soies de Fortuny ou les innovations vestimentaires de Issey Miyake. Art du féminin, ils sont devenus les médiums d’artistes féministes, comme Annette Messager.
« Neufs manteaux mystiques » reprend tous ces traits pour dire autre chose : l’universalité de la mystique, quels que soient les pays, les religions et les époques.
Installés dans les airs, à l’échelle de l’église Saint-Merry, vides de corps, ces vêtements aux tissus les plus divers rendent accessible aux yeux une démarche intérieure que l’on connaît habituellement par les textes.
Ici l’écrit est signifié par la broderie sur le tissu lui-même.
Tout simplement splendide. »
in Voir et Dire
Authentique manteau de Saint François d’Assise, conservé à Paris en l’église Sainte Elisabeth de Hongrie
Isabelle Baudelet pour Text’Styles le 12 mars 2017
Sources :
Fresques de Saint François à Assise par Giotto
Wikipédia
Legenda Major (Saint Bonaventure, récit de la vie de Saint François d’Assise, rédigée à la demande du chapitre général de l’Ordre en 1260.